"LES AMANTS REGULIERS" de Philippe GARREL
Voici le film événement du moment. La presse cinéma en fait des gorges chaudes et à Paris, on y va comme à la messe.
Et pourtant, qu'est-ce qu'il y a derrière ? Premier film sur mai 68 ? Peut-être, mais à l'image on en voit pas grand-chose, l'Histoire est off. Trois heures de film pour 20 minutes d'histoire, n'est pas Jean Eustache qui veut. Et c'est d'ailleurs bien le souci, on ne peut s'empêcher de penser à La Maman et la Putain. L'époque, le sujet, le noir et blanc et surtout les deux acteurs masculins François et son ami (mais comment Philippe Garrel a-t-il réussi à dégoter le clone de Jean-Pierre Léaud ?) qui parlent, s'habillent et ont les mêmes répliques qu'Alexandre dans le film d'Eustache.
Par ci par là, quelques scènes arrivent à nous dérider, particulièrement au travers de l'humour second degré du personnage de Nicolas Maury (Gautier). On pense notamment à la scène de danse sur "This time tomorrow" des Kinks (quelle idée géniale de faire la bande annonce avec cette unique scène !) mais aussi bien sûr à celle du délire vestimentaire dont je vous livre le texte ci-dessous : Mais le problème. Enfin, je veux dire le vrai et unique problème... C'est ... résoudre la contradiction qu'il y a entre le plaisir de porter des couleurs vives et le nécessité de porter des couleurs sombres. - Pourquoi la nécessité ? - Parce que. Le sombre c'est beaucoup plus sayant que les couleurs vives mais c'est beaucoup moins marrant. Le choix, si tu veux, il doit se faire entre se voir soit, ou être vu. Par exemple là... Tu vois là, avec ce rouge, ce violet, ce rose, ce vert ... j'ai l'air d'un perroquet affolé. Tandis que si j'avais ce costume, tu te rappelles là, dans la vitrine de bouquin.... en panne de velours grise. - Ah oui ! T'as raison t'aurais l'air d'un Fragonard.
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