D'après l'article L123-1 du Code de la propriété intellectuelle, « L'auteur jouit, sa vie durant, du droit exclusif d'exploiter son œuvre sous quelque forme que ce soit et d'en tirer un profit pécuniaire. Au décès de l'auteur, ce droit persiste au bénéfice de ses ayants droit pendant l'année civile en cours et les soixante-dix années qui suivent. » Il nous reste donc 25 ans à attendre pour voir les pamphlets de Céline publiés de nouveau dans leurs intégralités ... En effet, à l'exception de "Mea culpa" (texte anti-communiste donc moins sensible), Louis Ferdinand Céline s'est toujours opposé à leur réédition et ses ayants droits ont depuis lors, respecté cette volonté. Bien sûr, tous ces ouvrages sont trouvables à prix d'or sur le net ou dans des librairies spécialisées. Autant je peux comprendre la volonté de l'écrivain de ne pas en rajouter dans le scandale, mais 45 ans après sa mort... "J'ai interdit la réédition des pamphlets et, sans relâche, intenté des procès à tous ceux qui, pour des raisons plus ou moins avouables, les ont clandestinement fait paraître, en France comme à l'étranger. Ces pamphlets ont existé dans un certain contexte historique, à une époque particulière, et ne nous ont apporté à Louis et à moi que du malheur. Ils n'ont de nos jours plus de raison d'être. Encore maintenant, de par justement leur qualité littéraire, ils peuvent, auprès de certains esprits, détenir un pouvoir maléfique que j'ai, à tout prix, voulu éviter. J'ai conscience à long terme de mon impuissance et je sais que, tôt ou tard, ils vont resurgir en toute légalité, mais je ne serai plus là et ça ne dépendra plus de ma volonté." Céline n'a quant à lui jamais renié ses pamphlets ni ses tendances antisémites : "Albert Zbinden : "Disons le mot, vous avez été antisémite." L.F. Céline : "Exactement. Dans la mesure où je supposais que les sémites nous poussaient dans la guerre. Sans ça je n'ai évidemment rien - je ne me trouve nulle part en conflit avec les sémites ; il n'y a pas de raison. Mais autant qu'ils constituaient une secte, comme les Templiers, ou les Jansénistes, j'étais aussi formel que Louis XIV. Il avait des raisons pour révoquer l'édit de Nantes, et Louis XV pour chasser les Jésuites... Alors voilà, n'est-ce pas : je me suis pris pour Louis XV ou pour Louis XIV, c'est évidemment une erreur profonde. Alors que je n'avais qu'à rester ce que je suis et tout simplement me taire. Là j'ai péché par orgueil, je l'avoue, par vanité, par bêtise. Je n'avais qu'à me taire... Ce sont des problèmes qui me dépassaient beaucoup. Je suis né à l'époque où on parlait encore de l'affaire Dreyfus. Tout ça c'est une vraie bêtise dont je fais les frais." Entretien avec Albert Zbinden, 1957 Moi qui suis fan de Céline depuis la première heure, j'ai toujours pensé que l'on avait beaucoup fantasmé sur ses écrits antisémites (qu'au demeurant à peu près personne n'a jamais lu). Que Céline soit fasciste, anti-communiste, antisémite, anti-bourgeois, anti-tout-ce-que-vous-voudrez, cela ma toujours paru évident. Globalement, il n'aime pas l'humanité et peu de personnages trouvent grâce à ses yeux dans ses romans. Je pensais donc qu'il n'aimait pas les juifs plus par habitude vicérale de détester à peu près tout, que par conviction profondémement réfléchi... J'étais loin du compte. Quelle invraissemblable logorrhée délétère ! Quelle incompréhensible haine ! Quel incroyable aveuglement... "Ce sont les esprits pervers qui rendent la vie insupportable. Ils trouvent des intentions partout. Moi je me sens devenir si pervers que ça me tourne en folie raciste. Et pas qu’un petit peu ! Raciste 100 pour 100 ! autant que communiste, sans les Juifs ! À l’heure où nous sommes, dans les circonstances si tragiques, l’indifférence n’est plus de mise. Il faut choisir, il faut opter pour un genre de perversion, ça suffit plus de se dire méchant, il faut avoir une foi terrible, une intolérance atroce, y a pas beaucoup de choix, c’est l’aryenne ou la maçonnique, juive ou anti-juive. Ça va nous donner vingt ans de rigolade. Je ressens, tellement je suis drôle, des choses encore bien plus perverses. Des véritablessadismes. Je me sens très ami d’Hitler, très ami de tous les Allemands, je trouve que ce sont des frères, qu’ils ont bien raison d’être si racistes. Ça me ferait énormément de peine si jamais ils étaient battus. Je trouve que nos vrais ennemis c’est les Juifs et les francs-maçons. Que la guerre qui vient c’est la guerre des Juifs et des francs-maçons, que c’est pas du tout la nôtre. Que c’est un crime qu’on nous oblige à porter les armes contre des personnes de notre race, qui nous demandent rien, que c’est juste pour faire plaisir aux détrousseurs du ghetto. Que c’est bien la dégringolade au dernier cran de dégueulasserie." extrait de "L'ÉCOLE DES CADAVRES" LOUIS FERDINAND CÉLINE Bref, j'ai tout de même été assez surpris... Je pense donc qu'il est temps, aujourd'hui, de laisser chacun seul juge du contenu de ces pamphlets. Voici donc le texte intégral en ligne de... Mea Culpa (1936) Bagatelles pour un massacre (1937) L'École des cadavres (1938) Les beaux draps (1941) A l'agité du bocal (1948)
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